Voyance et psychothérapie : entre divan et boule de cristal

Cet article  paru dans “Le Monde” met en évidence un vrai phénomène.

La voyance n’est pas incompatible avec la psychothérapie dès lors que la personne qui la pratique  est intègre.

La voyance surfe sur nos angoisses. ”La voyance vient proposer une sorte de psychothérapie clandestine. Cela permet de diminuer ses angoisses par une proposition plus acceptable qu’un travail sur soi-même.

Adèle (les prénoms ont été changés) dit consacrer “un petit budget mensuel” à la voyance, sans vouloir en préciser le montant. Elle recourt en général aux services de la même personne par le biais d’un service Audiotel, à raison d’une fois par semaine. “Je sais, c’est bête, mais cela me rassure, confie-t-elle. Je n’envisage plus de vivre sans. Je reconnais être un peu addict, mais je ne suis pas inquiète. Certains sont bien en fumant, en mangeant, moi je suis bien en discutant avec ma voyante fétiche.” Elle en parle peu autour d’elle. “Je reconnais avoir peur que l’on me juge. Et pourtant, moi, j’y crois.”

Les arts divinatoires ont le vent en poupe.

Comment expliquer le phénomène, dans un monde fondé sur la rationalité ? “La voyance vient proposer une sorte de psychothérapie clandestine. Cela permet de diminuer ses angoisses par une proposition plus acceptable qu’un travail sur soi-même, considère Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie à l’UFR de médecine de l’université Paris-VII, auteur des Secrets de nos comportements (Plon, 2009). Face à la peur de l’avenir, au lieu d’aller chercher des réponses dans ses désirs et ses émotions, on va les chercher dans des augures.”

Jean Sandretto, psychiatre et psychanalyste, auteur avec Eliane Gauthier du Psychiatre et la Voyante (éd. Almora, 2006), partage cette analyse : “C’est un substitut de psychothérapie. Dans une société qui a perdu ses repères religieux et sociaux, c’est une sorte de réassurance.” Ou une manière de tenter de surmonter les aléas de l’existence, quand la situation est bloquée ou anxiogène. “J’y suis allée la première fois parce que j’avais peur et que je n’arrivais pas à me calmer. Mon ex passait en jugement pour violence contre moi”, explique Julie.

Comment expliquer que chefs d’Etat, responsables politiques ou cadres dirigeants puissent y recourir ? “C’est comme la superstition, poursuit Michel Lejoyeux. On est dans la pensée magique, la croyance que le voyant ou une instance supérieure contrôlerait nos vies. Même les gens les plus brillants intellectuellement sont hermétiques à tout raisonnement. C’est une sorte de court-circuit de la pensée avec un risque qui serait de faire croire que nos comportements sont déterminés, programmés.”

Yves, chef d’entreprise à la retraite, y avait recours, depuis trente-cinq ans, dans la gestion de ses affaires à raison de trois ou quatre fois par an. Il n’en a jamais parlé à ses proches. “Le plus souvent, cela confortait mon analyse, explique-t-il. Mais si cela entrait en contradiction, j’y regardais de plus près. Je considère cela comme un exercice de créativité.” Depuis sa retraite, il continue les séances à raison de deux fois par an. Elles peuvent être perturbantes : sa voyante lui a dit qu’une de ses filles allait quitter son conjoint. Depuis, il guette les indices qui le confirmeraient.

Mylène, elle, se tourne vers une voyante quand ça ne va pas dans sa vie professionnelle ou sentimentale. “Pour mon entourage, c’est de l’argent gâché. Pour moi, ça vaut une séance chez le psy. En plus drôle. A chaque fois, je me demande ce que je vais encore apprendre.” Elle est curieuse de savoir “si de bonnes choses” l’attendent et considère ses séances “comme une sorte de tremplin, pour se remotiver et relativiser”. Elle veille à ne pas réagir en fonction des prédictions. “Mais, reconnaît-elle, c’est loin d’être évident, et il est vrai que j’attends que les choses se réalisent pour pouvoir dire : “Elle avait raison”.” Plus ou moins consciemment, la personne peut se mettre en condition afin que la prophétie se réalise. “L’annonce crée un état d’esprit, considère Michel Lejoyeux. Le regard qu’on porte sur une situation suffit à la changer.”

Toutefois il est indispensable de garder son libre arbitre et sa lucidité. Ne jamais oublier non plus qu’il faut laisser le temps au temps pour que les augures se réalisent. (Ana)

Si la voyance peut ponctuellement soulager, elle n’est pas exempte de risques. “Dans la mesure où le discours renvoyé est positif, cela peut être gratifiant. Mais si le client investit le voyant comme un référent absolu, il peut se retrouver sous emprise et faire l’objet de manipulations”, estime Jean Sandretto.

Youcef Sissaoui a fondé en 1987 l’Institut national des arts divinatoires (INAD). Créé pour moraliser la profession, l’INAD se définit aujourd’hui comme une association de soutien des consommateurs, victimes de manœuvres frauduleuses de professionnels des arts divinatoires.

Le risque de fraude n’existe pas avec Ana voyante médium :  la consultation dure entre 20 et 50mn, vous réglez le montant avant la séance  qui peut commencer. Voir tarif.



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